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Sansanding....puisque le sucre ne nourrit pas les paysans..

Enquête sur les tensions sociales à Sansanding
Lancé en 2004, le projet sucrier de Markala (PSM) est un projet agro-industriel été initié par le gouvernement. Il est conçu sous la forme d’un partenariat public-privé et a trois objectifs à savoir la mise en place d’une industrie du sucre de classe internationale capable de concurrencer les importations et de produire à moindre coût suffisamment de sucre pour le marché national et la sous-région, contribuer à réduire la pauvreté par l’accroissement des revenus des paysans et renforcer le lien entre les secteurs agricole et industriel pour permettre la mise en valeur d’énormes potentialités de la zone et la création d’emplois et de la valeur ajoutée. Dans sa mise en œuvre, le projet a connu une résistance de la population de la Commune de Sansanding. Cette résistance à laquelle s’ajoute les événements du 22 mars ont amené le partenaire stratégique à se retirer. Une mission sur le terrain le mardi 9 septembre dernier avec l’ONG Tonus et la coalition malienne contre l’accaparement des terres (CMAT), avec l’appui de RRI (Rights and Resources Initiaves), nous a permis de rencontrer le sous préfet de Sansanding, les responsables de l’association pour le développement des village de Sana (ADVS) et le maire de la commune.
Le projet qui devrait drainer un investissement de plus de 78 milliards de nos francs ne verra peut être jamais le jour a cause du refus des populations que nous avons rencontré au cours de cette visite. A Sansanding, les responsables de l’ADVS qui ont opposé une vive résistance au projet nous ont donné les raisons de leur refus.
Le porte parole de l’association, Binké Tounkara a affirmé que dans un premier temps, c’est un site situé entre Markala et Ségou qui avait été retenu pour la réalisation du projet. « Ce qui a même valu l’appellation « Projet sucrier de Markala » ou « Société sucrière de Markala (SOSUMAR) » », dit-il. « Mais les populations de cette zone ne lui ont pas réservé un accueil enthousiaste. Elles ont estimé que l’implantation d’un tel projet sur leurs terres peut entrainer des conséquences fâcheuses comme, par exemple, la famine. Leur hostilité a fini par contraindre l’Etat à transférer le projet sur un autre site. La zone de Séribala-Dougabougou fut retenue et le choix a été jugé à l’époque pertinent dans la mesure où le site s’étend sur plus d’un million d’hectares », a déclaré le conseiller au chef du village de Sibila.
Les agitations de notre maire Lassana Kouma ont amené les autorités à choisir la Commune de Sansanding. La méthode retenue était de déposséder les populations de leurs terres et de déplacer tous les villages. Nous n’avons pas cautionné qu’on vienne nous exproprier du seul bien que la nature nous a octroyé. Nos agissements à l’époque ont amené le gouverneur Abou Sow à exiger de la société SOSUMAR de donner aux familles dont leurs parcelles ont été retenues pour la pépinière des frais forfaitaires en attendant leur dédommagement.
Dans le village de Wélétiguila où le projet était déjà en expérimentation sur une superficie de 200 hectares, les paysans ont passé trois ans sans rentrer en possession de leurs dus, malgré les engagements pris par les initiateurs du projet.
Le président de l’association a abondé dans le même sens. Tous les intervenants ont pointé du doigt le maire de la commune de Sansanding et de Sibila. Selon eux, les villages qui habitent le site du projet n’ont pas été consultés. Tous ont soutenus que ce sont les deux élus locaux qui ont fait que le projet a changé de site.
Le maire de la commune de Sansanding, Lassana Kouma que nous avons eu au téléphone a nié les accusations porté contre lui. Selon lui, le projet sucrier de Markala est une initiative de l’Etat Malien. « Je n’ai pas la compétence de faire changé le site d’un projet. Dans sa réalisation, il y a eu une étude d’impact environnemental et des assemblées générales ont été organisées dans tous les villages de ma commune. A l’issu de ces assemblées générales plusieurs villages ont donné leur quitus. Ils ont même proposé leur lieu de recasement. Des mesures d’accompagnement ont été prises par le gouvernement et les responsables du projet pour dédommager les familles concernées », a dit Lassana Kouma. L’élu local a affirmé que certains producteurs ont même adhéré à l’idée en faisant des propositions qui consistent à faire la culture de la canne et à vendre à l’entreprise. Pour le maire, il faut rechercher le refus de la population ailleurs, c’est-à-dire l’enjeu politique qui des gens ont voulu tirés du projet. En réponse à la question sur le déplacement de Toutes les localités de quitter les sites choisis pour abriter les champs de canne à sucre.
Ecœurées par une telle donne, les populations ont fini par renoncer purement et simplement à l’implantation du projet dans leur zone. Non seulement elles ne font plus confiance aux garanties du projet, mais surtout refusent qu’on vienne les exproprier de leurs terres. Elles pensent par exemple qu’il était préférable que SOSUMAR procède comme l’a fait la CMDT avec la culture du coton : les paysans produisent et vendent leur production à la société, au lieu qu’elle achète les terres. Et puisque la société ne veut pas d’une telle proposition et tient à ce que les populations soient dépossédées de leurs terres, mais celles-ci n’entendent pas se laisser faire. Du coup, le projet se trouve bloqué dans sa phase de réalisation et les 78 milliards FCFA des partenaires peuvent continuer à dormir dans leurs mallettes.
Cette situation mérite que le gouvernement l’étudie sérieusement avant de se lancer dans des contrats avec des privés qui pourraient contribuer à augmenter la grogne sociale. Cela est d’autant impératif que IBK, lors de son interview passée en bamanan sur l’ORTM, a rappelé le cas de Sansanding avec Modibo Keïta comme belle initiative pour amorcer un réel développement dans cette localité.
Moussa SIDIBE